Quel est votre objectif, en votre qualité de rédacteur en chef de “Spectrum Insights Africa”?
Nous jugeons essentiel de mener un dialogue rationnel en vue d’assurer l’accès au spectre indispensable au secteur PMSE et à la Télévision Numérique Terrestre. Mon objectif est de piloter la discussion sur la gestion du spectre, la régulation et l’innovation en Afrique. Je souhaite combler le fossé qui existe aujourd’hui entre les ténors de l’allocation de spectre au nom de critères techniques et les conséquences que cette répartition entraîne au quotidien dans des domaines tels que la radiodiffusion et les industries créatives. Nous entendons mettre l’accent sur les éléments de cet ensemble de défis et d’opportunités qui sont propres à l’Afrique, en recommandant des politiques de nature à enrichir la diversité culturelle et à favoriser le développement économique, l’inclusion numérique et un accès équitable aux technologies de la communication.
Dans quel esprit l’Afrique aborde-t-elle les prochaines conférences CMR-27 et CMR-31?
A l’approche des Conférences Mondiales des Radiocommunications programmées en 2027, puis en 2031, notre propos est clairement de nous assurer que les activités liées au Programme Making and Special Events (PMSE) et à la Télévision Numérique Terrestre (TNT) disposent du spectre qui leur permettra de prospérer et d’innover. L’Afrique a le sentiment que les CMR-27 et CMR-31 offrent des occasions sans équivalent pour façonner l’avenir numérique de ce continent. L’Afrique redoute de plus en plus que le spectre alloué à la culture et à la radiodiffusion ne se réduise à nouveau. Dans ces conditions, il est vraisemblable que les nations africaines seront amenées à soutenir toutes décisions de nature à préserver des services aussi essentiels que le PMSE et la radiodiffusion publique.
Quelle est l’importance des fréquences PMSE pour l’Afrique?
Les fréquences allouées aux activités de PMSE sont cruciales, particulièrement sur un continent réputé pour le foisonnement de ses médias comme de ses industries créatives,qui constituent autant de secteurs-clés pour la croissance économique, l’emploi et l’expression artistique. Alors que nous assistons à l’essor des productions à grand spectacle et des concerts publics, alors que ne cesse de croître la demande pour des contenus de qualité, il est d’une importance vitale que le secteur PMSE puisse disposer de fréquences dédiées et libres d’interférence afin d’assurer le déroulement sans faille de ces opérations et, plus généralement, le développement harmonieux de l’économie créative.
Quelles conclusions retenez-vous du salon IBC 2024 auquel vous avez assisté à Amsterdam?
IBC 2024 a mis en évidence les progrès considérables de la transformation numérique dans la radiodiffusion, avec la radiodiffusion 5G, les transmissions audio sans fil et les prouesses en matière de DAB+ occupant le devant de la scène. Ces évolutions revêtent un intérêt particulier pour l’Afrique dans la mesure où elles offrent de nouvelles solutions pour un usage efficient du spectre et la possibilité de court-circuiter les modèles traditionnels de radiodiffusion. Les débats auxquels j’ai assisté ont souligné l’importance de cadres réglementaires favorables à l’innovation, tout en procédant à une allocation équitable du spectre entre tous ses utilisateurs, y compris les radiodiffuseurs et les opérateurs de PMSE.
Les pouvoirs publics africains en charge de la Défense envisagent-ils une large utilisation de la bande de fréquences 470-694 MHz?
En l’absence de claires manifestations en ce sens jusqu’ici, on peut cependant penser que les forces armées africaines seront intéressées par cette plage de fréquences sans laquelle la radiodiffusion serait impossible. Cette question est délicate pour autant que cette partie du spectre est essentielle au secteur PMSE comme à la radiodiffusion. Une utilisation accrue de ces fréquences à des fins militaires ne manquerait pas d’affecter sérieusement les médias et autres services de communication critiques. Toute décision que pourrait prendre l’Europe à cet égard aura des répercussions en Afrique. C’est pourquoi il est primordial de faire en sorte qu’un débat équilibré soit mené à ce sujet lors des prochaines CMR, afin que l’intégralité des utilisateurs de spectre, militaires, radiodiffuseurs et parties prenantes aux opérations de PMSE y trouvent leur compte. D’éventuelles décisions unilatérales prises en Europe ne pourraient que nuire à cet impératif.
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