Ce que la pandémie de coronavirus signifie pour la politique en matière de fréquences

Ce que la pandémie de coronavirus signifie pour la politique en matière de fréquences

Ce que la pandémie de coronavirus signifie pour la politique en matière de fréquences 863 360 SOS - Save our Spectrum

Margit Stumpp, membre du Bundestag (Alliance 90/Les Verts), Anke Domscheit-Berg, membre du Bundestag (LA GAUCHE), Thomas Hacker, membre du Bundestag (FDP), Christian Jung, membre du Bundestag (FDP)

Les fréquences radio sont déterminantes pour la capacité d’un État à informer de manière fiable ses citoyens en cas de catastrophe. La pandémie que nous connaissons actuellement montre combien il est important, dans de telles circonstances, de disposer d’un système d’information autonome. Nous entendons par là l’existence, en Allemagne et en Europe, de systèmes de radiodiffusion capables de toucher la population directement, sans détours : contrairement à la diffusion sur Internet, la télévision et la radio terrestres ne peuvent pas être restreintes ou coupées et n’ont pas de problèmes de capacité lorsqu’elles sont utilisées massivement. La radiodiffusion terrestre revêt donc une importance systémique. Une des conditions indispensables à son bon fonctionnement est la disponibilité des fréquences nécessaires, essentiellement des fréquences de la bande TV UHF (de 470 MHz à 694 MHz) utilisées par la radiodiffusion (actuellement : DVB-T2) et par le secteur de la culture.

Ces dernières années, la moitié de cette bande a été vendue aux enchères au profit de la téléphonie mobile, ce qui en a donc privé la radiodiffusion et la culture. Ces fréquences conviennent particulièrement bien à la diffusion de la télévision, mais aussi à la desserte en téléphonie mobile. Le sort des fréquences restantes se décidera au cours des prochaines années, car la téléphonie mobile revendique une part de plus en plus importante du spectre radioélectrique. Il convient, dans ce contexte, de ne pas voir les seuls intérêts de la téléphonie mobile, mais aussi de se pencher sur l’organisation de notre société de l’information ouverte en situation de catastrophe.

Nous voulons qu’il y ait, à long terme, suffisamment de fréquences pour la télévision hertzienne diffusée par DVB-T2 et pour la future technologie de la diffusion 5G. Cette utilisation comprend aussi les microphones sans fil utilisés pour produire les contenus et qui ne peuvent se passer des fréquences TV UHF. C’est pourquoi nous refusons que le reste de la bande de fréquences soit attribué à la téléphonie mobile ou à d’autres services radio et exigeons le maintien de la télédiffusion terrestre.

La radiodiffusion a un statut garanti par le droit constitutionnel. Elle apporte une contribution indispensable à l’existence d’une information impartiale sur la pandémie de coronavirus et les chiffres d’audience des émissions d’actualité témoignent de la confiance accordée à ce type d’information. La diffusion terrestre est, avec la presse écrite, le canal sûr permettant aux autorités de contacter de manière fiable les citoyennes et les citoyens en situation de catastrophe.

Dans ces situations, Internet et la téléphonie mobile doivent fonctionner partout. Nous faisons actuellement le constat douloureux que ce n’est pas encore partout le cas, mais cela n’est pas dû à une pénurie de fréquences. En effet, la téléphonie mobile dispose déjà à l’heure actuelle d’une bande bien supérieure à 1 gigahertz, nettement plus que la radiodiffusion. Le problème est le retard pris dans le développement des infrastructures. C’est là que le gouvernement fédéral et les opérateurs de réseaux de téléphonie mobile doivent agir pour réaliser des améliorations.

En même temps, il faut des réseaux indépendants de la téléphonie mobile et d’Internet, capables de continuer à fonctionner même en cas de panne d’électricité. Les réseaux de radiodiffusion, et aussi les réseaux DVB-T2, le peuvent. Dans ces réseaux de TV terrestre, chacun peut en outre regarder ce qu’il veut sans être surveillé, contrairement à la consultation des médias via la téléphonie mobile ou Internet.

À cela s’ajoute un autre point : le secteur de la culture et de la création aura besoin, à l’issue de la pandémie, d’une possibilité de reprendre immédiatement ses activités et ses représentations. La bande TV UHF, utilisée par les équipements sans fil comme les microphones, est la seule à pouvoir traverser facilement de nombreux obstacles comme les décors, des structures souvent composées d’acier ou d’aluminium. C’est le seul moyen de garantir que le public puisse bien comprendre et entendre les artistes et les musiciens.

Il est important de préserver la bande TV UHF, surtout en prévision de catastrophes comme la pandémie actuelle. En outre, ces fréquences permettront à des millions de manifestations culturelles, du théâtre alternatif à la procession, des représentations dans les écoles aux grands festivals estivaux, de reprendre en Allemagne une fois la pandémie terminée.

Contribution des invités: https://netzpolitik.org/2020/was-die-corona-pandemie-fuer-die-frequenzpolitik-bedeutet/#comments

Fotocollage: Büro Dr. Christian Jung MdB

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