Declaration sur la situation dans la crise corona par SOS – Save Our Spectrum le vendredi 18 septembre 2020 à Paris

Declaration sur la situation dans la crise corona par SOS – Save Our Spectrum le vendredi 18 septembre 2020 à Paris

Declaration sur la situation dans la crise corona par SOS – Save Our Spectrum le vendredi 18 septembre 2020 à Paris 1500 745 SOS - Save our Spectrum

Le coronavirus n’est pas avare de paradoxes: tandis que des millions de personnes astreintes à un strict confinement et confrontées à une crise dont elles ne soupçonnaient ni l’ampleur, ni la durée paraient la culture des vertus d’une valeur-refuge, une sorte de remède miracle à l’angoisse et à l’incertitude qui les assaillaient, les créateurs se voyaient atteints dans leurs oeuvres vives, si l’on entend par là les festivals, concerts ‘live’, théâtres de plein air, spectacles de rue et autres manifestations très prisées d’un public ravi d’entrer ainsi en communion avec les artistes. C’est le phénomène que Madame Véronique Cayla appelle “le plaisir solidaire”: “Le public a besoin d’expériences sensibles et d’émotions communes”, explique la Présidente du Directoire d’Arte France.

En quelques années, ces événements sont devenus le mode privilégié de consommation culturelle, et en particulier de musique, acquérant ainsi droit de cité au sein des dispositifs visant à assurer le rayonnement culturel de la France et de l’Europe. Or leur succès est étroitement lié à la disponibilité des fréquences radio qui les mettent à l’abri des interférences.

Loin de moi l’idée de vous noyer sous un flot de considérations techniques. Mon propos est tout au contraire de souligner à votre intention que l’avenir de la création française et européenne ne saurait être abandonné au gré de décisions qui, sous couvert de haute technicité, laissent le champ libre au mieux-disant parmi les investisseurs. Je m’explique: l’Union Internationale des Télécommunications prépare activement la conférence WRC-23 qui, en 2023, doit recommander une nouvelle distribution du spectre hertzien au niveau mondial.

Si les autorités politiques n’interviennent pas vigoureusement dans la procédure en cours, si la France renonce à son rôle historique de champion de la culture, arguments techniques et intérêts financiers se ligueront à nouveau pour évincer les communautés culturelles des bandes de fréquences qui sont indispensables à la création “sur le vif”, celle que plébiscitent justement nos jeunes générations. En effet, la téléphonie mobile a été le principal bénéficiaire du “dividende numérique”, cette aubaine née de la mutation technologique accomplie par les radiodiffuseurs. Hommage mérité au progrès économique et social engendré par la téléphonie cellulaire, cette redistribution d’une ressource rare ne saurait pour autant se traduire par un appauvrissement de la création, du moins si la France et l’Europe sont aussi déterminées que par le passé à faire rayonner leur culture et leurs valeurs à travers le monde.

Réduits à la portion congrue au fil des conférences WRC, nos artistes, accompagnés par les industriels européens qui, grâce aux technologies les plus avancées, donnent à leurs voix et à leurs instruments une résonance planétaire, se voient progressivement écartés de ces “expériences sensibles et émotions communes” chères à Madame Cayla et indispensables à la fertilité de la création européenne.

Jochen Zenthöfer, SOS – Save Our Spectrum

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