
Le 11 juin 2025, la prĂ©sidence de l’AssemblĂ©e Nationale a enregistrĂ© une proposition de RĂ©solution europĂ©enne portĂ©e par plus de soixante-dix dĂ©putĂ©s et dĂ©putĂ©es. Cette initiative accessible via ce lien
https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/textes/l17b1568_proposition-resolution-europeenne.pdf
vise Ă “garantir l’attibution post-2030 de la bande de frĂ©quences infĂ©rieure Ă 700 MHz Ă la tĂ©lĂ©vision numĂ©rique terrestre.”
C’est en effet le moment ou jamais d’assurer la permanence de l’allocation du spectre infĂ©rieur Ă 700 MHz Ă la TNT: cette initiative lĂ©gislative viendra Ă point nommĂ© sensibiliser les participants aux futurs travaux de prĂ©paration de la position europĂ©enne commune en vue de la ConfĂ©rence Mondiale des Radiocommunications de 2031 (CMR-31) au moyen d’un argumentaire limpide et dĂ»ment Ă©tayĂ© par des statistiques rĂ©centes.
La seule rĂ©serve que nous inspire ce plaidoyer en faveur d’une allocation permanente et raisonnĂ©e des frĂ©quences indispensables Ă la culture, Ă l’information et au divertissement concerne le partage Ă©ventuel des frĂ©quences: il n’est pas aussi difficile que le suggĂšrent les dĂ©putĂ©s français, du moins lorsque le propos des parties concernĂ©es est suffisamment proche. C’est ainsi que les radiodiffuseurs et le secteur dit PMSE (Programme Making and Special Events) ont une longue tradition au service conjoint de la noble cause qu’est la culture europĂ©enne. Alors que les concerts publics constituent dĂ©sormais le mode favori d’expĂ©rience musicale, particuliĂšrement chez les jeunes, TNT et PMSE ont dĂ©ployĂ© une coopĂ©ration exemplaire, sans faille ni rĂ©crimination. A tel point que radiodiffuseurs et organisateurs de concerts incarnent les hĂ©ros tranquilles et rarement cĂ©lĂ©brĂ©s d’un partage harmonieux du spectre. Certains experts prĂ©tendent que le secteur PMSE est Ă la culture ce que le jeu vidĂ©o est au divertissement. Si cette comparaison est justifiĂ©e, l’avenir des Ă©vĂ©nements musicaux est prometteur, Ă en juger par le nombre des dĂ©veloppeurs de jeux europĂ©ens qui jouissent d’une notoriĂ©tĂ© mondiale. A condition, bien sĂ»r, que les artistes cessent de mener des combats d’arriĂšre-garde pour faire piĂšce Ă la prochaine agression injustifiĂ©e des opĂ©rateurs de tĂ©lĂ©phonie mobile (IMT) sous le prĂ©texte fallacieux de tirer le meilleur parti des “dividendes numĂ©riques”: la musique europĂ©enne serait Ă jamais rĂ©duite au silence.
Les entrelacs complexes de technologie et de culture qui inspirent la louable initiative des Ă©lus français ne sont pas nouveaux. Depuis la GrĂšce antique et son acception Ă©tendue de la notion de “technĂš” (https://fr.wikipedia.org/wiki/TechnĂš) jusqu’aux moyens les plus modernes de la crĂ©ation musicale, de sa distribution et de sa pĂ©nĂ©tration au coeur de nos sociĂ©tĂ©s rĂ©gies par la donnĂ©e, une fructueuse collaboration entre artistes et techies n’a jamais cessĂ©. A sa maniĂšre, la proposition de RĂ©solution europĂ©enne ne fait que rendre hommage Ă cette rĂ©alitĂ©. C’est Ă la fois le secret qui a permis Ă la culture europĂ©enne de trĂŽner au sommet de l’agenda de l’UE et, de façon plus spectaculaire, de s’inscrire en tĂȘte des palmarĂšs mondiaux du rayonnement culturel. Mieux, point n’est besoin de modifier les rĂ©glages, encore moins de rĂ©inventer la roue, pour continuer sur une telle lancĂ©e: il suffit aux Etats membres comme aux institutions europĂ©ennes d’assurer au tandem informel TNT-PMSE la disponibilitĂ© permamente de la part de spectre dont il a besoin pour dissuader la tĂ©lĂ©phonie mobile de tenter une nouvelle invasion injustifiĂ©e de la bande 470-694 MHz et pour continuer Ă en tirer le meilleur parti.
Cet exercice de sensibilisation au rĂŽle et aux besoins de la TNT en vue de rĂ©pondre aux attentes du public europĂ©en en matiĂšre d’information, de culture et de divertissement est plus que bienvenu. Il se trouve que le secteur PMSE – sans doute passĂ© sous silence en raison de sa dimension surtout locale – dĂ©tient une panoplie d’atouts susceptibles de soutenir le propos des auteurs de cette judicieuse initiatifve et d’en renforcer la portĂ©e. Accessoirement, il aura le mĂ©rite de mobiliser un public plus jeune, celui qui apprĂ©cie de plus en plus les concerts publics, Ă©quilibrant ainsi le discours parlementaire en faveur des personnes ĂągĂ©es ou vivant seules. Et n’oublions pas le principal: il suffit de confirmer et pĂ©renniser des dispositions dont les mĂ©rites sont dĂ©jĂ connus. Tant il est vrai qu’on ne change pas une Ă©quipe qui gagne…
Souhaitons que cette démarche française convainque nos partenaires. Le succÚs de la CMR-31 en dépend.
Jochen Zenthöfer
15 mai 2025