Culture en France: qu’attendre de 2024? Petites pensées roboratives.

Culture en France: qu’attendre de 2024? Petites pensées roboratives.

Culture en France: qu’attendre de 2024? Petites pensées roboratives. 1920 1294 SOS - Save our Spectrum

A l’aube de cette année nouvelle, le spectacle est poignant de ces nombreuses régions du monde en proie aux guerres et aux massacres. Mais il suffit de tourner le regard vers la culture pour que la vision se fasse réconfortante.

La Conférence Mondiale des Radiocommunications (CMR-23) s’est en effet déroulée dans les meilleures conditions du point de vue de la culture. Bien que le détail des positions agréées à Dubaï ne doive être publié formellement par l’UIT que dans les mois à venir, les avocats du statu quo dans l’usage de la bande de fréquences 470-694 MHz ont tout lieu de se réjouir : la radiodiffusion demeure le seul allocataire primaire de cette partie du spectre tandis que le secteur PMSE (Programme Making Special Events) reste allocataire secondaire pour l’utilisation de ses équipements de production sans fil dans la bande TV UHF.

Ces décisions ne sont pas sujettes à révision avant la CMR-31.

En conséquence, les opérateurs mobiles (IMT), après avoir évincé deux fois la radiodiffusion et le secteur PMSE à la faveur des ‘dividendes numériques’, ne pourraient de facto faire intrusion dans la bande 470-694 MHz avant 2034 ou 2035, et alors seulement à partir de 614 MHz et au-delà. La France ne devrait pas se dissimuler l’importance de cette victoire, en tant que champion historique de la culture européenne, celle que nous avons héritée au gré d’un patrimoine unique au monde, comme celle qui se crée au quotidien sous nos yeux, grâce notamment aux outils numériques qui inspirent les artistes à déployer une originalité sans contrainte et à l’exercer avec une souplesse sans cesse renouvelée.

Autre échéance capitale, Paris s’apprête à accueillir les Jeux Olympiques l’été prochain.

Ce rendez-vous majeur devrait tirer directement profit des décisions arrêtées par la CMR-23. En effet, une connectivité impeccable et le fonctionnement sans faille des équipements sans fil tels que microphones et oreillettes constituent des facteurs déterminants du succès des Jeux en eux-mêmes, mais aussi de celui des myriades d’événements qui viennent se greffer sur eux. La moindre interférence survenant au cours de cette suite ininterrompue de performances au plus haut niveau diffusées dans le monde entier aurait des conséquences incalculables.

Dans l’hypothèse où la CMR-23 ne se serait pas prononcée aussi clairement en faveur du statu quo, les engagements envers l’allocation actuelle auraient pu se trouver ébranlés, nourrissant ainsi la crainte légitime d’intrusions illicites éventuelles, au cours des Jeux, dans un secteur du spectre fortement convoité. La fermeté de la CMR-23 ayant dissipé toute crainte à cet égard, la France pourra gérer ses communications sans fil en toute quiétude, libre de consacrer davantage d’efforts à affronter les nombreux autres défis de cette colossale entreprise. Et si d’aventure un ‘bug’ parvenait à se glisser dans cet impeccable dispositif, les experts techniques se hâteraient d’en tirer les leçons.

Les développements qui précèdent ne réduisent en rien le rôle dévolu à la nouvelle Ministre de la Culture, Madame Rachida Dati.

Bien que l’agriculture, plutôt que la culture, se soit emparée de la une des journaux français au moment où elle prend ses fonctions, la Ministre connaît sur le bout des doigts la politique et l’ensemble des cercles du pouvoir ; en outre, elle a montré qu’elle savait croiser le fer si nécessaire pour emporter la conviction. Les priorités du monde culturel sont donc entre de bonnes mains, animées d’une influence considérable et d’une énergie sans pareille. Alors que les parties prenantes à la culture française se relèvent à peine des ravages de la pandémie, d’autres problèmes – soit laissés en suspens durant la longue relâche qui leur a ainsi été imposée, soit nouveaux – ne manquent pas de se poser. Outre son expérience et son entregent, la Ministre aura donc probablement besoin d’un peu de chance pour hisser ses priorités au sommet de l’agenda national, un agenda que se disputent tant les défis internes que la montée des tensions à travers le monde.

Jochen Zenthöfer

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